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Filer la lana de la toundra


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    Quand j’ai rencontré Mary pour la première fois, on avait les deux mains dans la peau de bœuf musqué ensanglantée. C’était au premier atelier, en mars dernier. On riait tellement! C’est assez unique comme situation, raconte Rachel en rigolant.

    Rachel et Mary ont pourtant l’air de se connaître depuis longtemps. C’est facile de travailler avec Rachel, elle ne se plaint jamais. On a bâti une relation amicale, explique la résidente de Kuujjuaq.

    La jeune femme de 29 ans a le sourire facile. C’est évident qu’elle se plaît à accompagner Rachel pour assurer le bon déroulement de ses ateliers. C’est d’ailleurs elle qui l’a recrutée, l’hiver dernier, pour qu’elle rejoigne les rangs des formateurs et formatrices.

    J’aime beaucoup voir ma communauté apprendre de nouvelles choses. Je trouve passionnant d’avoir l’opportunité de leur transmettre des connaissances, explique Mary qui coordonne une variété d’ateliers.

    Portrait des deux femmes, couchés sur une peau de boeuf.
    Une belle relation amicale unit Rachel, la formatrice et Mary, la coordonnatrice des ateliers. Les deux femmes s’entraident lorsqu’elles ont la chance de se côtoyer dans les différentes communautés du Nunavik. Photo : Radio-Canada / Mireille Roberge

    Mary Saunders a décidé de faire de la culture inuit son projet de carrière. Il y a cinq ans, cette mère de famille monoparentale quittait son Kuujjuaq natal pour entamer une formation collégiale d’une année à Montréal, Nunavik Sivunitsavut, qui permet d'acquérir une connaissance approfondie du Nunavik. Les cours portent autant sur l’histoire et la politique que sur les sports, la culture ou la langue.

    Diplôme en poche, elle a obtenu le poste de conseillère pédagogique pour le programme Ilurqusitigut de la Kativik Ilisarniliriniq, la commission scolaire du Nunavik. Depuis 2018, des ateliers sont offerts dans les 14 communautés inuit afin de faire découvrir ou d’approfondir des techniques et des savoir-faire, comme tanner la peau de poisson, fabriquer un filet à pêche ou teindre et perler une fourrure de caribou.

    Tout ça, c’est impossible sans le programme de Mary. On réveille quelque chose chez les Inuit, précise Rachel.

    Rachel et Mary sont agenouillées dans la toundra et cherchent des bleuets.
    Rachel et Mary ne peuvent résister à la tentation de cueillir des bleuets lors d’une balade dans la toundra, à Quaqtaq, au Nunavik.Photo : Radio-Canada / Mireille Roberge

    Les formatrices et les formateurs viennent du Québec, parfois des Maritimes, et ils sont – précise Mary – tous les bienvenus au Nunavik. Leur but, c’est de fournir les outils aux Inuit pour qu’ils puissent à leur tour former leur communauté.

    Quand je viens ici pour des travaux de recherche en bio, ça va vite, c’est difficile de tisser des liens avec les communautés, poursuit Rachel. Là, j’ai le temps. Les Inuit manquent d’information sur le bœuf musqué, ils croient souvent qu’il fait fuir le caribou. Pour le moment, on ne pense pas qu’il y a de la compétition entre les deux espèces quant aux ressources ou à l’habitat.

    Mary et Rachel échangent un regard complice. Rachel ouvre son carnet de notes. C’est le moment d’apprendre un nouveau mot en inuktitut : nasaq, qui signifie chapeau. Elle est douée pour les langues – elle parle déjà très bien le norvégien.

    Les ateliers se déroulent toujours en anglais. Entre eux, les Inuit échangent aussi quelques mots et quelques blagues dans leur langue maternelle. C’est le cas du premier homme à venir assister aux ateliers de Rachel, Saami Puttayuk – le conducteur du quatre-roues qui lui avait offert un transport plus tôt durant la semaine.

    Il est de retour, attentif et patient.

    Portrait de Saami, un homme à la fin trentaine aux cheveux longs.
    Saami Puttayuk a pris l’initiative d’emmener ses élèves de l’école de Quataq aux ateliers de Rachel sur le filage du qiviut. Il est aussi très intéressé par l’apprentissage du rouet. Photo : Radio-Canada / Mireille Roberge

    Saami enseigne à Quaqtaq. Le rouet l’intrigue. Je suis un chasseur et j’ai envie d’apprendre autre chose, explique-t-il.

    Coordonner la pédale du rouet, lâcher le brin, tenir le brin, ce n’est pas simple. Saami parle peu, mais observe beaucoup. Je ne gaspillerai plus mes peaux, je ne les laisserai plus dans le land, je vais les brosser!, s’enthousiasme-t-il.

    Pas de doute, Rachel réveille quelque chose.

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    Author: Joshua Young

    Last Updated: 1703243161

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    Name: Joshua Young

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